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Alexander Bikbov. How Russian Universities Became the Future of World Education

La version en français, publiée par l’association Sauvons la Recherche : Les universités russes aux avant-postes de l’éducation mondiale

 
Le futur de l’enseignement européen est vu traditionnellement comme l’avant-garde des traditions en avenir, non complètement défini par le moment actuel. Ce futur est imaginé tout ouvert aux technologies, à la croissance, à la complexité, même dans le cas où ces principes font eux-mêmes l’objet d’une critique réflexive.

Et si pourtant le futur de l’université européenne existe déjà quelque part ? Si, dans le monde actuel, ce futur encore incertain se présente comme le passé quelque part observable, classé et marqué par des critiques locales et extérieurs… Ne sera-t-il pas le pire des cauchemars ?

C’est probablement par le dégoût de cauchemars que les réformateurs de tous les pays évitent les miroirs. Ils fuient chaque comparaison réaliste et préfèrent de trouver des cas de figure éclatants par leurs » natures » contrastées, négative et positive, que d’étudier attentivement des expériences semblables, des cas homologues aux siens.

Le cas russe était longtemps considéré comme un tel cas de figure, négatif de préférence. Il semblait, assez souvent, » trop exotique «, même » trop » tout court, quand on l’observait à distance. La constitution du marché économique ou la commercialisation des services publics se présentaient aux yeux d’observateurs internationaux d’un seul coup sauvages et insuffisantes. Or il s’agissait des tendances et des reformes essentiellement homologues, en Russie et dans les pays européens, sauf que la version russe courrait bien en avance, étant lancée dix ans plus tôt, sous les conditions de la dérégulation économique et politique inconnue en Europe actuelle.

Aujourd’hui, comme jamais, on observe la pertinence de cette homologie, auparavant masquée avec le » destin russe » si extraordinaire. L’enseignement supérieur en représente une illustration probablement encore plus frappante que les autres domaines. Ce qui est programmé en tant que résultat désirable par les ministères réformateurs européens, se trouve sous une forme déjà accomplie dans l’enseignement post-soviétique. L’auto-suffisance financière des établissements, les frais d’études élevés, l’affaiblissement définitive des structures collégiales… Les universités russes se révèlent modestement comme le futur possible des universités européennes, au cas où la reforme actuelle arrive à ses fins.

Une analyse critique examine les effets de la commercialisation de l’enseignement supérieur russe dans les derniers 20 ans, se trouvant en harmonie parfaite avec les projets de la bureaucratie réformatrice européenne. L’article démontre où portent ces désirs poussés à leur limite, i.e. à leur succès. Le texte est publié sur un blog international Universities in Crisis coordonnée par Michael Burawoy.

 

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