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Alexander Bikbov, Daria Petushkova, La matrice d’une révolution intellectuelle : le marché des traductions en sciences humaines et sociales en Russie après 1990, Actes de la recherche en sciences sociales, N°1-2 (246-247), 2023.

 

Plan de l’article :

  • L’effet des années 1990 : une décentralisation intellectuelle
  • Les programmes internationaux d’aide à la publication : une présence structurante et une contre-offre éditoriale
      ○ Le programme français « Pouchkine » et la révolution poststructuraliste
      ○ Le programme « Translation Project » de Georges Soros et l’esprit du compromis
      ○ L’effet de club et la réglementation du marché
  • L’économie et l’expertise des traductions dans le pôle restreint
      ○ L’usage programmatique des traductions dans les réseaux intellectuels
      ○ Une trajectoire exemplaire d’un éditeur intellectuel : trois vies dans le marché de livres
      ○ Produire les traductions en SHS : entre la capitalisation du marché et l’ascèse professionnelle
  • Suspendre les pressions commerciales sur le marché éditorial

 

Français

Le flux des traductions des textes étrangers en sciences humaines et sociales est l’un des facteurs principaux de la transformation des espaces éditoriaux et académiques russes dans les années 1990-2000. Le démantèlement des structures soviétiques de contrôle idéologique et économique de l’imprimé met fin au monopole des grandes maisons d’éditions et ouvre l’espace des possibles aux petits éditeurs qui s’installent triomphant sur le pôle de production restreint du marché en devenir. L’analyse de cet espace qui se structure au cours de la vie d’une génération d’éditeurs et de traducteurs interroge plusieurs variables qui prédéterminent le choix d’auteurs et de titres à traduire vers le russe. L’article met en lumière le rôle du soutien financier apporté par des intermédiaires internationaux et des mécènes privés sur la structuration et la professionnalisation du nouvel espace éditorial russe. À travers l’analyse des stratégies et des trajectoires professionnelles de plusieurs maisons d’édition durant les trente dernières années, l’enquête retrace les étapes cruciales de l’évolution du marché des traductions en Russie en lien avec les transformations politiques, économiques et culturelles du pays.

 

English

The matrix of an intellectual revolution: the market of translations in humanities and social sciences in Russia after 1990

The flow of translations of foreign texts in the humanities and social sciences is one of the main factors in the transformation of Russian publishing and academic spaces in the 1990s. The dismantling of the Soviet structures of ideological and economic control of the printed word put an end to the monopoly of the big publishing houses and opened up the space of possibilities to small publishers who triumphed in the small production pole of the emerging market. The analysis of this space, which is structured in the course of the life of a generation of publishers and translators, questions several variables that predetermine the choice of authors and titles for translation into Russian. The article highlights the role of financial support from international intermediaries and private patrons in the structuring and professionalization of the new Russian publishing space. Through an analysis of the strategies and professional trajectories of several publishing houses over the last thirty years, the study traces the crucial stages in the evolution of the translation market in Russia in relation to the political, economic and cultural transformations of the country.

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Résister en Russie ?

 

Depuis plus d’un an certains journalistes posent innocemment une question aux experts : » Pourquoi en Russie il n’y a pas de résistance à la guerre et au régime répressif ?» C’est un genre de questions qui contient déjà une réponse à moitié faite. Et cette demi réponse est plutôt trompeuse, car elle présume une forme unique de résistance qui est la grande manifestation de rue. Ce qui est vrai, dans le contexte des répressions actuelles (qui n’ont pas encore atteint son apogée), les manifestations de rue ne sont pas d’actualité. Mais signifie cela que la résistance n’existe pas, ou juste qu’elle prend des formes moins visibles de l’extérieur ?

D’autres journalistes, qui assument la diversité d’expériences politiques, posent une question plus précise : » Quelles résistances existent-elles aujourd’hui en Russie ?» C’est là où un échange substantiel et informé s’établie.

Les journalistes et les équipes de France Culture appartiennent à la deuxième catégorie, sincèrement curieux, ouverts à la diversité d’expériences et réalisant des émissions à la base d’un travail important de préparation. Le résultat est tout simplement une possibilité d’avancer en direction de la réalité russe, plus clairement visible et mieux compréhensible. Je suis content de pouvoir contribuer à cet avancement.

Voici deux émissions réalisées par France Culture, séparées d’un an.

La première traite directement des pratiques et des forces de résistance en Russie durant la guerre, dans le régime répressif :

Le défi de l’opposition russe : faire le lien entre l’extérieur et l’intérieur

et fait partie de l’émission Les Enjeux internationaux, le 10 avril 2023.

La deuxième (qui était la première à l’échelle temporale) est un double entretien qui s’approfondie dans la rationalité belliqueuse du Kremlin et qui reste pertinente :

Michel Eltchaninoff et Alexander Bikbov

réalisé dans le cadre de l’émission L’Heure bleue, le 9 mars 2022.

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В статье «Травма неомеркантилизма и задачи новой культуры«, опубликованной в сборнике «Перед лицом катастрофы», я показываю, как военная экспансия следует за спазмом властной коммуникации, в котором обостряются тенденции последнего десятилетия.

В первую очередь, это обратная мутация неолиберальной модели «эффективного» российского капитализма в более архаичную неомеркантилистскую форму: она подчинаяет политическое воображение наваждению территорией. В ходе этой мутации служебный традиционализм, прежде вторичный в гонке за эффективностью и рентабельностью, обретает самостоятельность и диктует внешнеполитическому действию открыто захватническую рациональность.

Во-вторых (одновременно), это интоксикация бюрократических структур идеями исключительности и фантомной обиды, которыми из своих темных углов заполняют публичное пространство крайне правые дилетанты, боевики и проповедники. Сами они редко добиваются карьерного успеха в госаппарате в обмен на предлагаемый товар, но обеспечивают профессиональных управленцев идейной маскировкой неприемлемого ультракапитализма. Истощающаяся экспертная и правительственная коммуникация обнажает этот эффект, усиливая его.

Наконец, это разрастание сети «нейтральных» культурных и экспертных институтов, которые становятся местами встреч между миром госуправления и ультраправой нишевой публицистики. Оно происходит одновременно с репрессиями общественных ассоциаций и центров гражданской контрвласти. Культура деградирующего институционального компромисса снабжает националистические провоенные альянсы формальной легитимностью по мере того, как зона такого компромисса разрастается под брезгливое или испуганное молчание интеллектуального класса.

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26 Febbraio h17, presso la Libreria Alegre, circonvallazione Casilina 72, intervengono:

  • Oleksandr Pechenkin (Соціальний рух), militante della sinistra radicale ucraina
  • Alexander Bikbov (Centre d’études des Mondes Russe, Caucasien & Centre-Européen) sociologo russo

 

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Dream of a Nation

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«Inequalities and resistance in Putin’s Russia» (interview with Alexander Bikbov by Asia Leofreddi), Osservatorio Balcani e Caucaso Transeuropa, 15/11/2022

(versione italiana «Disuguaglianze e resistenza nella Russia di Putin«)

 

Dual sided population management in Russia and how the war boosts social inequalities. From regional and ethnic breaks to antiwar migration and psychotropic drugs.

The neo-mercantilist character of the current Russian regime fits problematically the neo-liberal rationality. The capitalism is still there, although back to its more archaic form.

An overly simplifying geopolitical reading (NATO vs Russia) blocks the view of the relational structures in Russia causing the war.

Three major forms of anti-war resistance in Russia, a concise list of tactics, from silently taken medical certificates to Molotov cocktails against enlistment offices.

European sensibility, individual assistance and the need for associative structures to process the trauma of the perpetrator society.

Read the entire text… (…leggere l’intervista in italiano)

 

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Communist time management

Communist Time Management, a model in the making

 

The discussion was held at the Festival of social sciences Allez Savoir 2022 (September 24th, Marseille), in French. Subtitles in English and in other languages could be switched on in the video.

 

Participants

  • Alexander Bikbov, sociologist, associate fellow at CERCEC (EHESS/CNRS)
  • Alexandra Koulaeva, historian, independent researcher
  • Isabelle Thireau, sociologist, research director at CCJ (CNRS)

 

The management of collective time, the base of socialist planning, follows a historical transformation going from a meticulous regulation of workers’ gestures in the 1920s to leisure activities organized in the 1960s according to scientific studies. Exported to the Eastern bloc, from Poland to China, the Soviet model provokes a keen interest among French and European state managers, while the ‘bourgeois’ models of forecasting are adapted in the USSR. In this way, the state interest to control time goes beyond the well-drawn border between the political regimes of the East and the West.
The discussion introduces into transformations of the governmental relationship to productive and spare time which mark different periods of the communist project, having a constant echo and striking similarities in France and internationally. A closer look at the original adaptation of Taylorism in the USSR and at controversial biographies of its bearers, as well as at the stateization of leisure time, offer a new view of historical discrepancies between socialism and capitalism.

«La gestion communiste du temps, modèle en devenir», table ronde au Festival des sciences sociales Allez Savoir 2022, Marseille


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